Martin-pêcheur
2016 / Vidéo HD / Fiction / 13:35
Avec Paul-Elie Jay
Prix d’étudiant pour le court-métrage sélectionné dans la programmation officielle Si Cinema - Festival international des cinémas en école d’art, novembre 2020 à Caen et Paris (en partenaire avec le Centre Pompidou)
C’est l’histoire d’un photographe qui tombe amoureux des oiseaux. Cette fois-ci, il décide de capter les images d’un martin pêcheur dans une rivière. Le récit du film recherche une écriture optique qui relève les difficultés de perception du regard. Entre son et image, l’artifice du montage vient perturber la narration et le monde naturel devient comme un décor artificiel.
Extrait du film
Le poids de toutes ces terres
2022 / HD
avec
La famille Poueymidanette de la Ferme du Plessis
L’aide à la création de la région Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine, Service Art de la scène et Art contemporain, Montpellier 2020
Cela fait plusieurs années, plusieurs saisons, que j’ai eu de la chance de découvrir, de vivre et de travailler dans une ferme familiale dans le Lot-et-Garonne, précisément à Saint-Aubin, la ferme du Plessis, la ferme des pruneaux. J’ai commencé une recherche personnelle autour de la photographie et de la vidéo sur cette famille paysanne entre 2013 et 2016, puis cette année encore. À ce stade de mon travail, j’ai regroupé une certaine quantité d’images, récoltées lors de ces différentes saisons.
En 2017, j’ai réalisé un album de photos argentiques prises sur plusieurs années dans le but de l’offrir à cette famille (Voir l’album : Ferme du Plessis). Cette série révèle des notions de va et vient entre les images, entre les points de vues, des répétitions semblables aux rythmes des saisons, de la vie ordinaire qui semble banale mais qui pour moi relie l’intime avec le sacré.
La ferme parait éternelle, à la manière crue de la terre qui subsiste depuis des temps immémoriaux. La ferme est aussi vieille que la terre, elle a toujours était là, aussi vieille qu’une l’île, elle est l’essence platonicienne de la « ferme », de la société humaine, parcelle de terre dévorée et régénérée pendant un milliard d’étés, travaillée, habitée, ensemencée, labourée, recousue un nombre incalculable de fois, avec les doigts, ou avec des feuilles, du dedans et dehors, à l’intérieur de ce fin tissage qu’est la vie humaine.
Je désire développer ce projet, principalement à travers la vidéo et la photographie, en portant une réflexion sur l’image fixe et l’image en mouvement et les enjeux entre elles. Un film avec scénario et sans scénario, j’ai envie raconter l’histoire de la ferme et ses saisons, réinventer le mythe du tout début, quand la ferme n’existait pas encore, jusqu’à l’apocalypse, la mort d’un membre de la famille. La famille paysanne et les animaux seront les acteurs principaux. C’est surtout l’histoire de la mémoire des terres, des mondes, des dieux antiques. C’est aussi la mémoire des mains qui ramassent, récoltent, jusqu’à l’arrivé des machines, des tracteurs, secoueurs, enclayeurs issues de la modernisation. Mon désir est de continuer de suivre leurs traces sur ces terres, dans le décors des paysages post-modernes, l’apparence de la vie qui change, dans une société factice, à l’intérieur de la vie quotidienne ou surgissent les moments intemporels : un fruit mur dans le verger, une main tient une petite balance, le corps d’une vache enceinte, le dos courbé du grand- père agriculteur, une roue d’un tracteur qui écrase la terre...
Mon projet pour raconter aussi l’histoire des normes européennes imposées aux petites fermes qui deviennent 'exploitations agricoles', et l'incapacité absolue pour les agriculteurs de vivre par leurs productions (le prix du marché est trop bas, ils vivent seulement des primes de la PAC et celles européennes, qui sont octroyées uniquement en fonction de la surface du terrain sans prendre en compte la qualité du travail et le rendement). Cette situation pousse au suicide nombre de paysans car c’est une perte du respect, de la valeur de leur travail, de la valeur de leurs terres, de la nature et de leurs fruits - puisque tout est mesuré à l'échelle de l'argent dans nos sociétés, et que l'argent dédaigne les fruits de la terre - le blé se vend à 18 centimes le kilo, impossible de vivre avec ça. C'est ce que soulevait Guy, le grand père de la ferme, beaucoup de gens ne se formulent pas le problème en termes de structure économique cannibale et sociophage, mais en termes de « comment réussir à avoir la prime, coûte que coûte », et donc, compétition entre exploitations, disparition des petites exploitations au détriment des grandes. Je désire inventer une chanson en patois et en français de manière allégorique avec mes amis pour parler de tout ces problèmes. Je pense que la paysannerie, ou ce qu'il en reste, subit le même sort que les personnes qu'on dit étrangères mais petit à petit se tisse un réseau de gens qui pensent différemment et essayent d’inventer une société différente.