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Livre archive : Mémoire Sans-titre, 2018, 13×20cm, 96 pages

Collection du Centre national du Microfilm et de la Numérisation, Saint Gilles du Gard

En 2018, j’ai eu la chance de découvrir le château d’Espeyran avec l’équipe du Centre national du Microfilm et de la Numérisation, grâce au programme de Résidence d’Artiste en partenariat avec la Drac-Occitanie. Au départ, j’avais pour projet de filmer la Camargue pendant la nuit, les taureaux, les étangs, les champs agricoles dans le ciel étoilé. Mais finalement, la visite du lieu et les rencontres humaines m’ont donné d'autres inspirations pour le film. J’ai alors décidé de faire un documentaire en filmant la vie d’ici, toute ce qui passe dans le Centre d’archives, le tunnel où sont stockées les boites de microfilms, les gens qui travaillent en embobinant et numérisant les bandes de pellicules, les bureaux, cartons, machines, objets... aussi le parc, les arbres, le château et les animaux domestiques des travailleurs dans ce centre : chiens, chats, perroquet, poules...

Je suis quelqu’un de très « image » et j’ai d'abord enregistré les images du film sans aucune trame de texte ni construction de scénario. Une amie poète bergère anthropologue, Rita Meharg, avec qui j’ai lié une amitié depuis longtemps, a accepté de me rejoindre pour cette aventure à Espeyran. Elle est venue visiter le lieu, rencontrer les archivistes... puis la vie nous a séparées, elle a dû partir pour travailler dans un élevage de mouton dans le Gers. Pendant ce temps, nous avons communiqué par téléphone et par mail pour échanger mes images contre ses mots. Rita a écrit le texte en fonction des images que je lui ai envoyées. Cependant, j’écris aussi certains textes pour le film que mes images ne peuvent pas exprimer. Petit à petit, le montage du film s'est mis en place entre image, texte et son.

Quelque part, bien avant avoir participé à la résidence d’Espeyran et que ce projet ait existé, avec Rita, nous avons eu l'occasion de faire une petit voyage en auto-stop jusqu’aux dunes de sel à Aigues-Mortes. Tout était improvisé, nous avons rampé sous la clôture en bois pour rentrer dans la propriété, afin de voir l’espace libre des marais salants. Il n'y avait personne qui surveillait, certainement parce que c’était un samedi. En goûtant la fleur de sel et regardant les étendues d’eau et de sable, Rita m’a raconté la sinistre histoire des ouvriers italiens qui sont venu pour être embauchés, récolter le sel et finir par être massacrés sur la voie ferrée par les paysans locaux ; puis d’une époque au cours de laquelle les indochinois, travailleurs forcés, sont venus en France pour planter le riz dans les rizières camarguaises... Ces histoires de pays éloignés et d'expatriation nous font piquer les yeux. Rita est d’origine irlandaise et moi vietnamienne. Toutes les deux, nous avions, quand nous étions plus jeune, la vocation et l'envie de vivre en travaillant la terre. C’est pour cela que nous nous intéressons à la nature, l’agriculture, la terre et la vie paysanne.

Durée 35 min, la vidéo intitulée Mémoire sans-titre tisse le lien entre nous et la terre, entre nous et le regard des animaux, elle questionne sur le travail d’archiviste contemporain, l’humain comme un être de mémoire et de langage. La vidéo accompagne un petit livre résume les notes, les photos du film, ainsi que l’échange de lettres avec Rita durant le temps de la réalisation.

« Nous sommes au centre national de conservation des microfilms, dans un coin isolé de la Camargue, c’est l’hiver. c’est beau la Camargue. La mer n’est pas loin mais nous ne l’avons pas vue. Si on grimpait au plus haut arbres du parc, on verrait le commencement de la confusion des étangs, terre mer terre mer sel eau sable mer terre, eau, reflet, ciel. Mer. Méditerrannée, au milieu de la terre »

Mémoire Sans-titre

2018 / 31:53 / HD / Documentaire - Fiction

Dans le cadre de la convention du Service interministériel des archives de France et de la DRAC, Saint-Gilles du Gard

Avec la collaboration de Rita Meharg

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